STEEVE ELANA PASSE AU CRIBLE
[Propos recueillis le 30 novembre 2012]
Arrivant tout droit de Brest dont il
était devenu le gardien indétrônable, Steeve Elana a signé au LOSC, au dernier
mercato estival, en tant que doublure de Mickaël Landreau pour une durée de 3
ans. A 32 ans, celui que l’on surnomme « le Chat » de par son jeu
aérien et félin dans les cages aborde un tournant décisif dans sa carrière, qui
a pu parfois être incompris, et a souvent beaucoup fait parler. A l’heure où le portier vient de
jouer son 4e match sous les couleurs du Lille OSC, il me semblait
bon que l’on donne à Steeve Elana un temps de parole, à présent qu’on lui
accorde aussi du temps de jeu.
Retour sur les propos de Steeve Elana qui ont été recueillis fin novembre 2012, une semaine seulement avant qu'il n'ait à assurer ses nouvelles fonctions de gardien titulaire du LOSC, suite au départ impromptu de Mickaël Landreau :
LJ : Après sept
ans de bons et loyaux services au SB29 où tu étais un titulaire indiscutable,
ainsi qu’une dernière saison personnelle incroyable qui est sans doute la
meilleure de ta carrière à ce jour, tu signes au LOSC pour un rôle de doublure.
C’est un choix qui a été parfois incompris, voire décrié par certains.
J’aimerais que l’on revienne sur cette décision qui marque un tournant dans ta
carrière.
SE : A vrai dire, ce choix a seulement été un grand
étonnement pour les gens qui ne me connaissent pas personnellement, qui ne
connaissent de moi que le gardien de but ou l’homme que je suis depuis la
montée du SB29 en L1, c’est-à-dire depuis deux ans… Il y a eu beaucoup de faits
antérieurs à cela, beaucoup de choses qui expliquent ce choix. Que les gens ne
le comprennent pas est une chose, il n’en reste pas moins que ce choix-là
m’appartenait. Les personnes qui me connaissent vraiment, depuis longtemps, qui
m’aident à prendre ce genre de décisions au sein de ma vie, n’ont émis aucune
réserve lorsque je leur ai évoqué un éventuel départ de Brest, et qui de plus
serait sans doute afin de tenir un rôle qui n’était pas le mien jusqu’alors… Je
ne m’étalerai pas sur les raisons de ma décision, parce qu’elles me regardent.
Mais, tu sais, cela fait longtemps que je vois que le train passe pour
certains, qu’ils se retrouvent dans de très bons clubs… A force, on en vient à
se dire : « Pourquoi pas moi ? » si un jour on en a
l’opportunité, ou ne serait-ce que parce qu’on
suscite l’intérêt d’un grand club français !
A 32 ans, n’est-ce
tout de même pas un pari risqué ?
Pas du tout, parce que je sais pourquoi je le fais ! A
32 ans, mon objectif est de durer le plus longtemps possible dans ce métier et
j’estime qu’à Brest, d’un point de vue infrastructures, ça n’aurait pas été possible. Alors oui,
effectivement, si j’étais resté à Brest, j’aurais certainement été titulaire et
à l’heure actuelle, je jouerais. Mais physiquement, là-bas, c’était une
lutte ; pour mon genou, pour avoir des soins, une mise en forme adéquate
par rapport à ce que je réalisais au Stade Brestois. A 32 ans, j’avais envie de
jouir de tous ces avantages qu’un grand club peut offrir au niveau de la préparation
physique, d’avoir un centre d’entraînement, un vrai ! Aujourd’hui, je me
sens beaucoup mieux physiquement, même si je joue beaucoup moins. Mes pépins
physiques n’existent plus, je travaille dans des conditions qui sont top et
j’optimise encore mes capacités physiques, avec le travail que je peux
effectuer en dehors de mes séances avec un staff spécialement mis en place pour
cela. Je progresse énormément sur certains points grâce à cela, j’ai appris
énormément sur moi en arrivant ici. Avec toute la bonne volonté du monde, le
Stade Brestois n’était pas capable de m’offrir tout cela. Si le SB29 avait eu
un centre d’entraînement digne de ce nom, une organisation un petit peu moins
« bancale », qui sait, je serais peut-être resté.
A l’époque où tu
jouais à Caen (2002-2005), tu avais plutôt mal vécu le fait de perdre ta place
de titulaire après ton retour de blessure (NDLR : au profit de Vincent
Planté) … A présent, tu fais le choix délibéré d’être gardien remplaçant.
Quelle est la différence entre cette époque et aujourd’hui ?
Il y a une grosse différence. A Caen, ça n’est pas
spécialement le fait de ne plus jouer qui m’avait le plus déçu alors, c’est
surtout le fait que les dirigeants de l’époque n’avaient pas été honnêtes avec
moi. Je ne veux pas rentrer dans les détails car c’est un club qui m’a aussi
tout de même apporté certaines choses. Ca n’est pas le côté sportif que j’ai pu
remettre ou que je remets encore en cause aujourd’hui, c’est le côté humain. On
n’a pas été correct avec moi. Je pense, avec mes qualités et mes défauts, ne
jamais avoir causé de problème dans quelque club que ce soit, même lorsque les
décisions prises n’étaient pas en ma faveur, et j’ai toujours estimé au moins
mériter que l’on soit correct avec moi sur le plan humain. Sur le plan sportif,
c’est autre chose : ce sont des choix d’entraîneur que je me dois
d’accepter, quels qu’ils soient, dès lors que je paraphe un contrat dans un
club.
La venue d’un portier
de ta « trempe » en tant que doublure du LOSC a fait couler beaucoup
d’encre au sujet de la rivalité qui existerait et des tensions qui pourraient
naître entre Landreau et toi. Les rumeurs et les supputations, soit, mais en
vérité, qu’en est-il ? L’ambiance et l’entente restent-elles tout de même
bonnes ?
Dès lors que des contacts ont été noués avec le LOSC me
concernant, Mickaël Landreau a été au courant. C’est une personne que je côtoie
de par les matchs depuis près de neuf ans et avec qui je m’entends bien, il me
semblait donc évident que je m’entretienne avec lui de ma venue dans son club.
Nos relations sont très bonnes, c’est une personne qui m’a accueilli à bras
ouverts au LOSC et qui m’aide lorsque j’en ai besoin concernant l’organisation
du club. Sur ce qui est du terrain, honnêtement, on n’en parle pas, on a
l’intelligence de ne pas le faire. J’ai énormément de respect pour ce qu’il a
pu faire au LOSC : Arriver dans un club et remporter le championnat en
même temps que la Coupe de France, y apporter son expérience et mettre en place
certaines choses… On est transparents dans nos relations au quotidien et dans
le travail, il n’y aucun soucis. On sait également tous deux qu’on est soumis
aux choix de l’entraîneur, qu’on en est tributaires. J’ai été recruté pour un
rôle bien précis, mais je suis quelqu’un de compétiteur, qui désire travailler,
qui prend du plaisir à jouer et tenter d’être efficace. Je prends ce qu’on me
donne et essaie d’être le meilleur possible lorsqu’on fait appel à moi.
En 2010, tu gagnes le
trophée UNFP du meilleur gardien de L2, la même année de la montée du Stade
Brestois et de ton record d’invincibilité (NDLR : Steeve a gardé ses cages
inviolées pendant plus de 8 matchs, soit 832 minutes, et c’est d’ailleurs
Moussa Sow, à Lille, qui mettra un terme à ce 5e meilleur record de
L1, le titre étant détenu par Gaëtan Huard aux GdB). Depuis, en L1 et malgré de
nombreux exploits personnels et une grande régularité de ta part, les médias
ont peiné à parler de toi comme tu l’aurais mérité. Tes pairs t’ont même nommé
l’année dernière comme le gardien le plus sous-coté de la L1 dans un sondage
réalisé par l’Equipe ! Comment expliques-tu ce manque d’exposition
médiatique dont tu pâtis ?
Concernant le trophée UNFP, cela a été une grande surprise
et une grande joie pour moi de savoir, premièrement que j’avais été nominé, et
qu’ensuite j’en étais lauréat. Cette récompense-là est attribuée à un joueur
par ses pairs et à un moment donné, lorsqu’on ne peut pas entrer par la porte,
on le fait par la fenêtre, et c’est un petit peu ce que j’ai fait en remportant
ce trophée. J’ai été d’autant plus heureux pour mes proches, qui ont galéré
avec moi et qui ont été témoins de ce que j’ai pu vivre de par mon métier, car
c’est une récompense qu’ils ont eux aussi pleinement vécue et grâce à laquelle
j’ai senti un réel soulagement chez mes parents, surtout chez ma mère qui est
celle qui a tout vécu concernant mon parcours dans le football… Pour ce qui est
du fait de ce « manque » d’exposition, honnêtement, je n’ai pas
d’explication, si ce n’est que certains ont leurs têtes, leurs clubs. Personnellement,
j’essaie de ne pas me focaliser là-dessus et je me dis que la récompense vient,
quoiqu’il arrive ; parce que j’ai toujours respecté mon métier et fait en
sorte de durer le plus possible, d’être à la recherche de la perfection dans ce
que je pouvais faire… Donc ce fait-là ne m’a jamais empêché de travailler et
peut-être même que ça m’a d’autant plus motivé à le faire. En soit, c’est comme
cela, et je fais avec.
On te compare souvent
à Bernard Lama pour qui tu as une profonde admiration, à juste titre d’ailleurs
car vous avez le même profil aérien. On parle moins souvent de Joseph-Antoine
Bell avec qui tu partages également ce côté « félin ». Ce dernier
a-t-il été un exemple pour toi ?
Absolument. Mon père était supporter des Girondins de
Bordeaux et forcément à l’époque on s’en coltinait tous les matchs à la télé ma
mère et moi, qu’on en ait envie ou pas ! (rires) Joseph-Antoine Bell a
donc été le premier gardien que j’ai voulu reproduire lorsque je plongeais, enfant, dans
mon canapé. Il a été un précurseur, et pour moi un détonateur, du moins sur mon
sofa. Parce qu’il était un des seuls gardiens blacks et qu’il fallait bien que
je m’identifie à quelqu’un.
Comment en es-tu
d’ailleurs arrivé au poste de gardien ?
Lorsque j’étais enfant, un de mes meilleurs amis était à
Clairefontaine, et quand on n’avait pas école, on se levait tôt le matin pour
s’entraîner ; il s’amusait à frapper pendant que j’officiais dans les
cages et, au final, je suis un peu devenu son gardien attitré. Au fur et à mesure, j’ai
pris goût à jouer à ce poste, parce qu’il faut savoir que j’ai débuté joueur de
champ puisque que mon père voulait faire de moi le nouveau Marius Trésor !
(rires) J’ai d'ailleurs mis longtemps à lui avouer que je jouais au poste de gardien, ma
mère m’achetait mes gants en cachette ! Je ne l’ai fait que le jour où je
lui ai rapporté à la maison le trophée de meilleur gardien. Dans mon quartier,
il y avait des matchs très animés suivis par
le voisinage depuis leur balcon, l’été. Quand on est jeune, on a envie de participer à ces
matchs-là avec les "grands", et quand on est petit et pas spécialement surdoué,
la seule place qu’il reste est souvent celle du gardien. J’ai commencé à
participer à ces matchs avec les plus grands et y ai pris du plaisir, car ils
m’y encourageaient. C’est à ce moment là que j’ai réellement commencé à aimer
exercer à ce poste-là.
Tu es né à
Aubervilliers et a grandi en région parisienne, évoluant au FC Solitaires (club
du 19e arr. de Paris). Comment t’es-tu retrouvé à habiter et jouer à
Marseille ?
Arrivé à l’âge de mes 16 ans, j’ai fait une connerie que ma
mère n’a pas bien vécue, et ce jour-là elle s’est dit qu’elle ne viendrait plus
jamais me chercher à un commissariat. Elle a donc tout mis en œuvre afin que je
quitte mon quartier et me donner une chance d’avoir un sport-études pour faire
ce qui semblait être ma voie, qui était le football. Le sport-études qu’elle
m’a trouvé, qui collait à l’environnement scolaire qui me convenait, se
trouvait à Marseille. Je suis donc parti y faire des essais et je m’en suis
très bien sorti. Je me retrouve donc à déménager à Marseille à l’âge de mes
16-17 ans, et ça a été un changement radical dans ma vie, de quitter la
banlieue parisienne pour la cité phocéenne.
Ça a un peu été le parcours du
combattant une fois arrivé là-bas, parce qu’il semblerait que ni ma candidature
au poste de gardien au Burel FC, ni mon inscription à l’internat du Sport-Études n’aient été prises au sérieux, peut-être du fait que nous
appelions depuis Paris et qu’on a pensé à un canular… Le poste de gardien du
Burel était donc déjà pourvu à mon arrivée, et je me retrouvais qui plus est
sans place à l’internat. Ma mère a donc dû me suivre à Marseille, accompagnée de
mon petit frère et de ma petite sœur, afin que nous habitions ensemble là-bas. Et le Burel FC a passé une sorte d’accord moral avec moi, en me prêtant à l’US
Endoumes en moins de 17 DH pour une saison, à la fin de laquelle il était prévu
que je me retrouve au Burel avec les moins de 17 nationaux, en espérant qu’ils
se maintiennent d'ici là.
Au sortir de cette saison, tout se passe très bien et l’US
Endoumes veut me garder, moyennant finances. Mais du fait que j’avais donné ma
parole au Burel FC, mes parents et moi avons décidé de tenir parole et de
signer au Burel. J’y joue en 17 Nationaux et c’est un vrai plaisir pour moi
d’évoluer et de participer à des matchs contre des clubs tels que l’AS Monaco,
l’OM, l’AS Cannes, l’OGC Nice, et de rencontrer les centres de formation faits
de gamins de mon âge qui eux vivent mon rêve au quotidien. On se maintient en
fin de saison, mais je passe alors en moins de 20 ans et je me retrouve donc
sans club, vu qu’il y avait déjà quelqu’un à mon poste dans cette catégorie-là…
à m’entraîner par-ci par-là et à ne plus avoir d’ambitions ni de challenges au
sein d’un club… Un court instant, l’idée d’arrêter le foot me passe par la
tête, à ce moment-là.
Justement,
qu’aurais-tu fait si tu avais arrêté le foot à cette période-là ?
Deux solutions se présentaient alors à
moi : C’était soit me trouver un petit boulot à Marseille, par la
débrouille ou en faisant jouer le peu de relations que j’avais pu avoir là-bas,
soit rentrer sur Paris et prendre la succession de mon père qui était
propriétaire de trois auto-écoles là-bas. Voilà quels étaient mes débouchés à
ce moment-là. Là encore, c’est ma mère qui intervient en me disant qu’il est
hors de question que j’arrête le football. Le fait qu’elle me dise ça m’a fait
me remémorer tout ce qu’elle avait fait et sacrifié pour moi afin que je puisse
vivre ma passion et me donner une chance de réussir. Cela m’a fait réfléchir
et me dire qu’elle méritait bien que j’essaie une dernière fois de m’accrocher
à quelque chose. Et ce "quelque chose" fut Jean-Pierre Siacci, qui était alors
entraîneur des moins de 20 ans à l’Olympique de Marseille et qui, après avoir
été harcelé par ma mère, accepta de me prendre à l’entraînement pour voir ce
que je valais. Et qui décida de me garder et de me faire jouer afin de me
donner une chance de réussir, car j’étais encore jeune.
En fin de saison, à la
suite d’un tournoi à Croix, dans le Nord justement, plusieurs clubs
professionnels - deux à l’étranger et un en France -, se sont intéressés à moi
et ont proposé de me faire signer un contrat. En apprenant cela, Georges Prost,
le directeur du centre de formation de l’OM, prit alors la décision de me garder et de me
faire signer un premier contrat. A ce moment précis, je ne comprends plus trop ce
qu'il m’arrive : Je passe de potentiel joueur perdu en catégorie moins de 20
ans à un joueur qui signe un contrat ! Je débute alors ma saison avec la
Réserve de l’OM et là, c’est vraiment tout autre chose : J’accède à la
Commanderie, je porte le maillot de l’Olympique marseillais et pour la première
fois de ma vie, j’ai à faire à des kinés, à des médecins, et je me retrouve salarié ;
je peux enfin pouvoir mettre la main à la pâte et aider mes parents, subvenir à
mes propres besoins… Pour moi, c’est le
début d’une autre vie.
C’est à ce moment-là que je fais la rencontre de Marc Levy
(NDLR : entraîneur des gardiens), qui est vraiment celui qui m’a fait
comprendre ce qu’était un footballeur professionnel. Il n’a pas hésité à
prendre de son temps, à me faire m’entraîner deux fois par jour pour arriver à
me faire assimiler ce qu’était le poste de gardien et à me le faire
redécouvrir : Tout ce que je croyais savoir jusqu’alors a été chamboulé.
A cette époque-là, Eric Di Meco et Marcel Dib, qui étaient
alors en charge de la gestion du groupe pro, m’ont fait signer un contrat
stagiaire après que j’aie effectué deux-trois séances avec les gardiens pro
(Stéphane Trévisan, Stéphane Porato et Cédric Carrasso), et c’est alors mon
premier contrat reconnu par la Fédération. Je m’avance un peu plus vers ce que
j’attendais du métier, et c’est un réel bonheur.
Il y a de cela
quelques années, tu avais déclaré avoir passé un contrat moral avec toi-même en
te donnant jusqu’à tes 37 ans pour poursuivre ta carrière de portier. A ce
jour, l’échéance a-t-elle été repoussée ? Prendras-tu justement exemple
sur Bell et atteindre tes 40 ans en étant toujours en activité?
J’espère repousser mes limites tant que je me sentirai bien.
Je ne sais pas de quoi demain sera fait, je ne sais pas exactement ce qu’il va
me tomber dessus mais, une chose est sûre, je les repousserai tant que j’en aurai
l’envie et que mon corps me le permettra ! La barre des 37 ans, c’était
pour me donner un objectif ; maintenant, si je peux aller plus loin, je le
ferai. Ma carrière est faite de la sorte, j’ai tout connu tardivement ; si
je peux aussi connaître une fin de carrière sur le tard, je ne m’en priverais
pas !
En bon sportif que tu
es, tu es un compétiteur, un challengeur. Lille est déjà un grand défi dans ta
carrière, te vois-tu en relever un autre avant qu’elle ne prenne fin ? Je
sais que l’étranger t’attirait, fut un temps…
L’étranger m’a énormément attiré. Aujourd’hui, honnêtement,
je ne peux pas te dire que je le sois autant qu’avant. Le gardien français, de
par sa réputation, s’exporte mal et je ne suis pas homme à tenter l’impossible.
Cela aurait pu être un changement intéressant pour moi, il y a quelques années.
A l’heure actuelle, je n’en vois pas trop l’intérêt, à moins qu’en France on ne
veuille plus de moi ou qu’un entraîneur ou qu’un club à l’étranger soit séduit
par mon jeu et veuille me signer… Je ne suis plus autant focalisé sur ça et je
serais capable de terminer ma carrière au LOSC, sans aucun problème.
D’ailleurs, lorsque
ta carrière prendra fin, quelle reconversion imagines-tu pour ta
personne ? Vas-tu rester dans le football ou te reconvertir dans un tout
autre milieu ?
J’espère ne pas avoir à vivre du foot car honnêtement, je ne
vois pas trop où y serait ma place, dans le football professionnel du moins. Je
me verrais plus dans des projets sociaux, et dans d’autres où mon nom pourrait
me permettre de m’investir dans le football aux Antilles afin de promouvoir
cette jeunesse martiniquaise qui a des possibilités, mais pas forcément les
outils nécessaires à son essor. C’est réellement quelque chose que j’ai envie
de réaliser et dans laquelle je veux véritablement m’impliquer, à court et
moyen terme.
Tu as joué le tout
premier match de ta carrière en Ligue des Champions sous les couleurs du LOSC,
au Dynamo Stadium face au Bate Borisov le 20 novembre dernier. C’est un peu le
rêve de tout footballeur… Que ressent-on ?
J’ai eu des flashs durant l’hymne. Toutes mes émotions sont
survenues pendant qu’il retentissait. Les images défilaient : J’ai revu
mes galères, comme ma blessure à Caen, j’ai vu le visage de ma famille et de
mes proches que j’imaginais heureux de me voir titularisé en Ligue des
Champions… ainsi que ceux de mes coéquipiers à Brest avec qui je faisais
parfois des soirées « Ligue des Champions » et où chacun d’entre nous
rêvait alors d’y participer ! Ca a été d’une intensité rare pour moi que de
vivre cela. Même si je n’ai pas affronté le Barça ! Un match de la Ligue
des Champions reste un match de la Ligue des Champions, et jouer contre le
champion biélorusse, cela me convenait parfaitement.
Venons-en à présent à
tes préférences football ! Petit, quelle était l’équipe qui te faisait
rêver ? Dans laquelle tu aurais adoré jouer ?
Quand j’étais petit, c’était le PSG de Lama et Weah qui me
faisait vibrer. Concernant mon retournement de veste (NDLR : Steeve
soutient l’OM), il s’est produit lorsque je n’ai pas supporté le comportement
de certains supporters après que George Weah ait quitté le PSG. C’est ce qui
m’a définitivement fait me détacher du Paris Saint-Germain, et je suis resté un
bon moment sans supporter d’autre club. C’est en arrivant à Marseille et en
découvrant, fasciné, l’impact que le club avait sur la ville et les gens, cette
ferveur qui existait, combien la ville reposait sur l’OM que je me suis mis à
les supporter.
Quel est le meilleur
joueur de tous les temps, selon toi ?
George Weah. C’est le joueur qui m’a donné le plus
d’émotions, de sensations fortes. C’était le joueur dont j’étais vraiment fan
absolu, il était mon idole ! Je l’ai idolâtré pendant des années, jusqu’à
la fin de sa carrière. Par la suite, j’ai eu la chance d’évoluer au quotidien
avec lui au sein de l’OM, et c’est quelque chose que je n’oublierai jamais, ça
a été un pur bonheur pour moi. Je n’ai même pas osé lui demander un maillot à
cette époque-là, et je m’en veux encore d’ailleurs…
L’attaquant le plus
retors que tu aies affronté en duel au sein de ta carrière ?
On va dire Pauleta, c’était la période durant laquelle je
jouais à Caen, en 2004.
Ton meilleur souvenir
sur un terrain, lequel est-ce ?
Mes meilleurs souvenirs sur le terrain sont tous le résultat
d’une montée et des matchs liés à une montée. Et j’ai eu la chance d’en vivre
pas mal ! La plus belle restera pour moi la première, parce que je ne m’y
attendais pas et parce qu’elle s’est jouée au dernier match. C’était la montée
en Ligue 2 avec l’AS Valence en 2002, et j’ai pris énormément de plaisir à
jouer cette rencontre et à contrecarrer les attaques cannoises, à l’époque.
C’était ma première grande aventure en tant que professionnel, et qu’elle se
termine de la sorte fut vraiment une apothéose.
Et Le pire ?
Ma blessure à Caen. Elle est arrivée à un moment où avec
Caen nous montions en Ligue 1 et où j’avais la chance que les dirigeants me
fassent confiance pour me faire découvrir la L1 avec mes coéquipiers. Et c’est
exactement au moment où j’ai commencé à réellement prendre du plaisir à évoluer
à ce niveau-là que ma blessure est survenue… C’est véritablement le gros point
noir de ma carrière. Je pense avoir loupé quelque chose à ce moment-là. S’il
avait dû se passer quelque chose de grand pour moi dans ma carrière, ça aurait
pu être cette saison-là, car j’étais suivi de très près par certains clubs… Ça
a été très difficile à vivre.
Ton Top 3 des
portiers ayant évolué ou évoluant en L1 ?
Bernard Lama – Stéphane Trévisan – Steve Mandanda
Et ton Top 3 des
gardiens à l’international, en activité ou non ?
Iker
Casillas – Joseph-Antoine Bell – Gianluigi Buffon
LE VESTIAIRE DU LOSC
PAR STEEVE ELANA
-
Le plus accueillant : Aurélien Fournier (coordinateur sportif
du LOSC)
-
Le plus superstitieux : Tulio De Melo, il met toujours le
même caleçon quand il joue ! (rires)
-
Le plus expérimenté : Mickaël Landreau
-
Le plus taquin : Rio Mavuba
-
Le plus ronchon : Ronny Rodelin
-
Le plus coquet : David Rozenhal
-
Le plus susceptible : Florent Balmont, il est très
gentil mais il ne faut pas le faire chier ! (rires)
-
Le plus fair-play : Laurent Bonnart
[ INTERVIEW PARUE DANS BUT! LILLE N°7 (DÉCEMBRE 2012)
[
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire